Au cœur de l’agilité

Nextoo
3 min readSep 15, 2020

Lors de la dernière plénière dans votre entreprise, l’annonce est tombée : “L’entreprise va opérer une transformation agile”. Et l’on entend déjà de tout et de n’importe quoi à la machine à café. Puis voilà l’arrivée du scrum master un lundi matin et là c’est le drame. Au choix, soit c’est un puriste et il applique le manifeste sinon rien, au risque de créer des réfractaires, soit, il jongle entre le modèle existant et l’agilité et il en ressort un pseudo modèle pas toujours efficient.

Comment ça ? J’exagère ! Oui, j’ai un peu forcé le trait mais ce n’est pas rare d’entendre ce genre de visions caricaturales.

Lors de l’agile tour 2019, j’ai eu l’occasion de suivre une conférence d’Alistair Cockburn, pour présenter son fameux cœur agile. Et tout à coup, cela a fait tilt lorsqu’il a parlé de méthode Shu Ha Ri, des valeurs premières au cœur de l’agilité : collaborer, améliorer, livrer, réfléchir.

Je me suis demandée : au delà des frictions entre le discours “Quoi ? Tu ne fais pas une rétro de 4h t’es pas agile !” ou “Imposer toutes les cérémonies ça ne sert à rien !”, est ce que l’essentiel du rôle de scrum master ne situe pas finalement ailleurs ?

Et cet ailleurs que j’ai dans ma ligne de mire, vous l’aurez compris, se situe autour des valeurs de l’agilité.

Ainsi, le rôle du scrum master arrivé de l’extérieur pour “agiliser l’entreprise” ne serait- il pas simplement d’appliquer la règle du Shu Ha Ri ? Transmettre les fondamentaux, permettre à chacun de trouver de nouvelles approches et une fois que l’équipe est prête, la laisser s’approprier tout ça ? Car à mon sens lorsque les valeurs agiles sont profondément ancrées dans les pratiques peu importe que les cases du manifeste soient toutes cochées dans les fameuses évaluations du niveau d’agilité que l’on voit pulluler.

Souvent, on entend dire que mesurer le niveau d’agilité n’a rien de sanctionnant. Avez- vous déjà lu le découragement dans les yeux d’une équipe à qui l’on dit “ Vous êtes au niveau 2 de tous les items mais ce n’est pas sanctionnant ne vous inquiétez pas !”. Moi je l’ai lu et je peux vous dire que j’ai eu le sentiment de ne pas être à ma place.

Et parfois ça ne veut rien dire.

Par exemple :

Le Scrum master : “vous ne faites pas de revue de code ?”

L’équipe : “C’est à dire que l’on ne code pas dans notre équipe”

Le Scrum master : “Ah oui… mais bon comme on est obligé de remplir on va cocher non parce que ce n’est pas fait… mais ce n’est pas sanctionnant comme évaluation ne vous inquiétez pas !”.

Là où je veux en venir, c’est que nous travaillons avant tout ensemble, entre humains et qu’il me semble bien plus important, tant sur le plan du bien être des collaborateurs mais aussi bien en termes de rentabilité de l’entreprise, de s’assurer que chaque personne possède toute la latitude pour réfléchir, collaborer, s’améliorer et livrer ? Non ?

Alors ma proposition est la suivante, si nous arrêtions les évaluations du niveau d’agilité pour prendre le temps de valider avec chacun que son environnement est avant tout propice à l’épanouissement et donc à l’innovation ?

Marion CHUPIN, Empêcheuse de tourner en rond chez Nextoo

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